Et si nous ne fêtions pas que les bonnes nouvelles ?

Par Mathilde Margail

 

Dans la vie, nous sommes tous confrontés à de mauvaises nouvelles, qu’elles soient petites ou grandes. Plutôt que de les subir, pourquoi ne pas changer de perspective en les célébrer ? Cet article raconte notre façon unique d'aborder les moments difficiles avec humour et résilience.

Les deux catégories de mauvaises nouvelles

Les mauvaises nouvelles, on en reçoit tous, plus ou moins : selon que l’on soit le genre de tartine à toujours retomber sur pattes ou de celles qui finissent toujours par tâcher de confiture ce tapis tout neuf.

Et dans la vie, j’ai tendance à dire que des mauvaises nouvelles, il en existe de deux catégories : celles sur lesquelles on peut agir, et sur lesquelles il faut donc agir, exemple : la machine fuit, je répare la fuite, ou plutôt je trouve quelqu’un de compétent pour réparer la fuite car si je m’en charge seule je vais aggraver les dégâts… mais en tout cas, si je peux faire quelque chose, je le fais. Action réaction, comme qui dirait…

Et puis il y a les nouvelles, mauvaises, pour lesquelles on ne peut rien, seulement décider de quelle façon les aborder, les supporter, ce qui peut aller de la météo pourrie de l’été à des choses bien plus graves comme des problèmes de santé, des deuils, et tout ce que je ne vais pas lister pour ne pas vous déprimer en quelques lignes.

Réagir aux mauvaises nouvelles que l'on ne peut pas contrôler

La quantité de ces soucis-là, et bien ça non plus, on n’y peut trop rien. Être chanceux, moins chanceux, cela ne se décide pas. Pas trop…

Cependant, je crois que tout n’est pas hors de contrôle dans ce qui est hors de notre contrôle : car si la chance ne se décide pas – quoi qu’elle puisse se provoquer – il n’en est pas de même pour le bonheur qui, lui, se choisit.

Ainsi, face à une mauvaise nouvelle, on peut pleurer, se laisser dépasser par ce qui nous dépasse justement, s’écouter un peu trop, se plaindre plus encore, et finalement ajouter du pas-super-cool à du déjà pas-super-cool non plus. C’est mon constat.

Notre expérience avec l'infertilité

Avec mon mari, aussi extraordinaire et merveilleux que je considère notre couple, notre vie, nous ne faisons pas exception à la règle : nous recevons des mauvaises nouvelles.

Comme tout le monde.

Très régulièrement en fait. En effet, nous vivons depuis notre mariage, il y a bientôt 4 ans, avec l’infertilité. Et tous les mois, depuis toutes ces années, nous devons faire face à une tristesse immense : le deuil de l’enfant tant désiré. En termes de mauvaise nouvelle, là on est bien ! Enfin on n’est pas bien, pas du tout.

On reçoit aussi des mauvaises nouvelles parce que nous faisons des tas de projets, nous nous lancons passionnément dans des tas de trucs, en oubliant bien souvent que mon mari n’a pas toujours un travail très compatible avec anticipation et organisation… Alors souvent, il faut annuler, décaler, remettre à « un autre jour peut-être… ». Ce n’est pas tous les jours aussi facile qu’on le voudrait, de s’abandonner.

La naissance de notre tradition :
fêter les mauvaises nouvelles tous les deux

Bref, même si notre vie est belle, parce qu’on se bat tous les jours pour, il y a des jours où c’est plus compliqué. Mais voilà, j’ai tendance à le dire : « les trucs nuls, ça ne m’intéresse pas ». Et oui, je me parle à moi-même comme je parle à un enfant de trois ans :

« Taratata, la mauvaise humeur et la soupe à la grimace, non non non, cela-ne-nous-intéresse-pas-du-tout ».

Et c’est pour cela qu’avec mon mari, nous avons décidé de fêter les mauvaises nouvelles.

L’histoire commence simplement, quelques années en arrière, à l’époque où une pandémie mondiale terrassait alors le monde et des tas de projets dont notre voyage de noces.

Ce voyage qu’on organisait depuis des mois à base de power point détaillés, de listes des plus beaux hôtels d’Afrique du Sud, d’images de safari en fond d’écran pour mieux se projeter… on s’y voyait tellement que le coup n’a pas été facile à recevoir quand il s’est agi de tout annuler. Même si on savait qu’il y avait pire sur terre, car il y a de toute façon toujours pire, et qu’on n’est pas obligé d’attendre de vivre le pire-du-pire pour s’autoriser à être triste.

Transformer les déceptions en célébrations

Ainsi donc, je me souviens de ce jour et de la déception que j’avais ressentie, de ces pourquoi sans réponses (enfin j’avais bien quelques réponses mais elles ne me consolaient pas tant !), et je me rappelle avoir pleuré, de déception. Parce que quand même. Et aussi parce qu’une fille à deux mois de son mariage à qui on a déjà annoncé que ledit-mariage se ferait peut-être sans lieu, sans invités et désormais sans voyage de rêve, ce n'est pas forcément motif à donner le sourire. Et en plus une future mariée, à deux mois de son mariage, même sans ça, ça pleure quand déjà beaucoup.

Mais j’ai respiré, fort. Enfin, je ne sais pas si j’ai vraiment respiré fort, mais c’est une façon de dire que j’ai pris deux minutes pour me poser, pour réfléchir. Et revoir mes priorités. C’est fou ce qu’une pandémie mondiale peut vous apprendre sur vous, sur ce qui compte vraiment. Et ce qui comptait vraiment, finalement, ce n’était pas tant le mas en Provence, l’hôtel avec vue sur la mer et la soirée au bout de la nuit, ce n’était pas la robe blanche qui m’attendait suspendue dans le dressing, aussi jolie soit-elle, ni même le choix du dj et du photographe : c’était d’avoir la chance d’avoir rencontré un homme que j’aime et qui m’aime et avec qui j’allais passer le reste de ma vie. C’est tout, tout ce qui comptait. Et ce constat simple que finalement, être tous les deux, qu’importe le reste, c’était la meilleure chose au monde.

« Tant qu’on est ensemble, rien n’est grave » : c'était une magnifique nouvelle, c’est ça que je me suis dit, et que je me répète désormais à chaque coup dur de la vie.

Alors je suis sortie faire mes courses de première nécessité : du champagne, du foie gras, et tout ce qu’il y avait de meilleur au supermarché, car finalement, nous venions d’économiser 3 semaines d’hôtel à l’autre bout du monde, on pouvait bien, pour ce soir-là, ne pas vraiment compter.

J’ai enfilé une petite robe, j’ai maquillé mes yeux un peu rouges (en vrai de vrai, j’ai quand même bien pleuré !) et j’ai dressé une belle table.

Ce soir-là, nous avons ainsi fêté ce projet tombé à l’eau, et nous avons créé une tradition que nous n’avons pas l’intention d’abandonner.

 

Désormais, quand une mauvaise nouvelle nous tombe sur le coin du nez, on enfourne notre vespa, et on part acheter des bulles. On se change, on se fait beaux. Et on rend beau ce qui ne l’est pas : les deuils, les lettres recommandées qui ne disparaissent pas quand on décide de ne pas les ouvrir, les déceptions, les fausses couches (car oui, pour nous, même le pire peut être fêté). Même le pire nous oblige à nous rappeler que nous sommes les artisans de notre bonheur, et qu’avoir la chance de pouvoir vivre, même ce qui est dur, à deux, main dans la main, est la plus belle façon d’embellir notre quotidien.

 
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